AAP Gouverner autrement la RD Congo ! De 1960 à ce jour : pesanteurs au progrès et opportunités de renaissance pour au Congo nouveau" Forum d'immersion et formation idéologique du 30 juillet 2022
ALLIANCE POUR L’ALTERNANCE ET LE PROGRÈS
UNITÉ-TRAVAIL-PROGRÈS
Kinshasa, 30 juillet 2022 - Forum d’immersion et formation idéologique des Cadres AAP
Gouverner autrement la République Démocratique du Congo !
« De 1960 à ce jour : pesanteurs au progrès et opportunités de renaissance pour un Congo nouveau »
SOMMAIRE
I. Congo-Zaïre-Congo versus Bon gouvernement : un couple à jamais antagoniste ? De 1960 à ce jour, une très longue marche congolaise perpétuellement entravée par une incompatibilité consubstantielle ou un désamour tenace ?
II. Faute à la fois d’un destin commun connu et assumé et d’un gouvernement véritablement et durablement bon, la marche du Congo indépendant se perpétue dans une série ininterrompue faite de plus d’ombres que de pénombres, d’obscurités que de lumières, de nuages que d’embellies, d’échecs que de succès.
III. Est-il définitivement impossible de construire la grandeur et la prospérité du Congo ?Opportunités de renaissance pour un Congo nouveau
I. Congo-Zaïre-Congo versusBon gouvernement : un couple à jamais antagoniste ? De 1960 à ce jour, une très longue marche congolaise perpétuellement entravée par une incompatibilité consubstantielle ou un désamour tenace?
« Le bien commun demande qu’il y ait une autorité dans la société, et qu’elle soit confiée à des hommes (et des femmes)qui l’exercent au mieux dans l’intérêt public… Quelle est la meilleure organisation du pouvoir politique ?... Toutes les formes(monarchie absolue et dictature, de la souche des régimes autoritaires ; monarchie constitutionnelle et république, de celle démocratique)peuvent être bonnes, …aucune n’est parfaite, ... les bons gouvernements sont de toute espèce…
C’est aussi l’enseignement de l’Église Catholique. Le pape Léon XIII, dans son Encyclique « Immortale Dei » de 1885, dit : ‘‘Le droit de commander n’est en soi nécessairement lié à aucune forme politique. Il peut fort bien s’adapter à l’une ou l’autre, pourvu qu’il soit, en fait, apte à la réalisation de l’intérêt et du bien général. Mais quelle que soit la forme de l’Etat, tous les gouvernants doivent absolument avoir le regard fixé sur Dieu, suprême gouverneur du monde et, dans l’administration de la cité, le prendre pour exemple et pour loi.’’
« … En principe, tout gouvernement qui respecte les droits de Dieu et de l’Eglise, ainsi que les droits imprescriptibles de la personne humaine, peut être bon…
« …Le gouvernement idéal, parfait, applicable à chaque peuple, n’existe pas. Concrètement, pour un peuple déterminé et dans un temps donné, le meilleur régime politique sera celui qui, à la fois, est le plus conforme au caractère de ce peuple et à ses traditions nationales, et lui assure de fait le bonheur temporel qui est la fin de la société civile »
(J. Adriaenssens, L’organisation du pouvoir en Belgique, Bibliothèque de l’Etoile, Leverville –Lusanga, Juin 1956) & (Lecture instamment recommandée par Joseph Ebonja)
A. Prérequis de la session d’immersion & formation sur l’organisation du pouvoir politique et le leitmotiv « gouverner autrement »!
a. Formes de gouvernement : la monarchie(un seul homme) ; l’aristocratie(une élite héréditaire) ; la démocratie (par le peuple lui-même) ; soit selon deux conceptions opposées de l’homme et de la société ainsi que de leurs rapports :
b. Tendance autoritaire : le choix des gouvernants est soustrait au peuple et l’autorité est renforcée au détriment de la liberté des gouvernés ;
c. Tendance démocratique : le choix des gouvernants par le peuple et la liberté des gouvernés ;
d. Démocratie Politique : le gouvernement du peuple parle peuple, qui choisit librement ses représentants ;
e. Démocratie Sociale : le gouvernement du peuple pourle peuple, sans que, pour cela, les gouvernants soient choisis par le peuple ;
f. Dictatures modernes : une dictature peut se justifier pour un temps limité, dans les périodes troublées ; en cas de péril public ou de danger national, il peut être nécessaire de concentrer provisoirement toute l’autorité dans les mêmes mains, afin d’assurer l’efficacité absolue des décisions à prendre. Les régimes autoritaires (avec la discipline et le dynamisme qu’ils exigent) peuvent réaliser des réformes hardies. Mais la dictature conférée pour un temps illimité constitue un danger pour la liberté humaine (activité policière intense ; opposition au régime assimilée à la trahison à la patrie ; un parti puissant, discipliné et décidé, impose la volonté de la dictature par la force, ce qui conduit à l’abandon pur et simple des principes démocratiques, à la suppression de toute liberté et au mépris de la personne humaine) ;
g. Démocratie directe (Irréalisable !): toutes les décisions intéressant la communauté sont prises par voie de consultation du peuple qui gouverne alors sans intermédiaire (assemblée et tribunal du peuple).
h. Démocratie moderne : égalitaire(tous égaux devant la loi et avec les mêmes droits, donc pas de hiérarchie des classes sociales) ;représentative(le peuple choisit ses représentants) ; parlementaire(les fonctions de l’Etat sont réparties entre différents organes ; collaboration entre le législatif et l’exécutif) ; constitutionnelle(hier Etat de Personnesmais aujourd’hui Etat de Droit, i.e. le règne de la loi substitué à la loi des hommes ; l’arbitraire des gouvernants rendu plus difficile et plus rare, même si les hommes au pouvoir y jouent toujours un grand rôle)
i. Deux types de démocratie : la Monarchie moderne (le Roi règne, mais ne gouverne pas) et la République démocratique(Le vrai souverain c’est l’Etat : le Président d’une république n’est rien d’autre que le premier magistrat du pays ; il n’a ni l’avantage de la permanence, ni le prestige des dynasties nationales ; il n’est pas au sommet de la hiérarchie des pouvoirs, c’est plutôt l’idée de l’Etat : les citoyens ne servent pas le Chef de l’Etat, mais l’Etat, le vrai Souverain).
B. Erreurs et avatars : des pesanteurs sur la mise en place d’un bon gouvernement
a. Double péché originel du Congo :Ni destin commun propre ni régime
politique à la fois conforme au caractère du peuple et à ses traditions nationales, à même de lui assurer le bonheur temporel qui est la fin de la société civile !
La poussée de l’élan du volontariste « Agir d’abord et réfléchir après » fit tenir le processus de décolonisation comme un phénomène inéluctable et urgent : « nous n’avons pas choisi les voies de la facilité mais celles de la fierté et de la liberté de l’homme. Nous avons compris que tant qu’un pays n’est pas indépendant, tant qu’il n’a pas assumé son destin, il lui manque l’essentiel. Et ceci reste vrai quel que soit le niveau de vie des colonisés, quels que soient les aspects positifs d’un système colonial… À quoi nous aurait servi d’ailleurs de tarder, de pactiser davantage alors que nous avions pris conscience de ce que tôt ou tard, il faudrait tout revoir, tout repenser par nous-mêmes…? »(P.E. Lumumba)
Ce saut dans l’inconnu fut assumé par tous : « l’accès à l’indépendance des pays africains devait se faire dans la tranquillité et la paix, un quart d’heure trop tôt qu’un quart d’heure trop tard » (A.J.-A. Malula).
Par contre, aucun empressement post 30 juin 1960 pour concrétiser le nouveau mantra « de l’urgence de pensée à l’urgence d’action » Ainsi, par exemple, en s’engageant de manière concertée dans l’exercice de définition et construction d’un Congo de grandeur, les forces vives de la nation auraient pu s’inspirer de la Doctrine Sociale de l’Église Catholique, ce trésor bien trop méconnu, qui « propose une vision réfléchie de la société ainsi que des objectifs, des principes, des valeurs et des réflexions indispensables pour la mettre réellement au service de la personne humaine » !
b. Le processus de construction d’un régime démocratique est long.Le Congo en a-t-il vraiment pris conscience et résolu d’en assumer durablement la charge des défis y afférents ?
Il a fallu unsiècle d’erreurs, de préjugés, de passions partisanes avant de parvenir au stade de l’épuration des idées et de la dissipation des illusions suscitées par l’explosion de la révolution démocratique en Europe en prolongement de la tradition britannique au lendemain de la Constitution Américaine (1787) et de la révolution Française (1789).
Corollairement au péché des pères de l’indépendance, les générations successives des élites du pays ont failli à leur vocation. Elles ont oublié l’obligation sublime de liquidation de l’héritage politique ! L’engagement solennel à mener une réflexion commune aux fins de la détermination du destin national ainsi que des institutions politiques, économiques et sociales adaptées, n’a jamais été tenu ! De plus, le caractère d’originalité de la décolonisation du Congo explique la dislocation extraordinairement rapide du pays consécutivement au départ massif et rapide de la grande majorité des Européens qui étaient passés du service de la colonie à celui du Congo indépendant, qui faisait déjà face à la faiblesse de la cohésion nationale, de l’esprit national. Le Congo était à peine une nation. En effet, alors que la lutte contre les colonisateurs a forgé les nouvelles nations (alors au feu de la lutte) pour d’autres pays, la Belgique refusa la lutte et ainsi ne donna pas au peuple Congolais l’occasion de s’affirmer dans un combat commun.
c. La situation sociale actuelle ne laisse aucune chance à l’installation d’une
démocratie égalitaire. C’est à la vitesse microbienne que germe et se développe tristement une sociétéaristocratique congolaise, à l’image de celle déjà morte en Occident, cruellement balayée par les révolutions populaires. Le Congo, comme sourd et aveugle, laisse pousser de manière vertigineuse les tentacules de « la « noblesse » insolente, aux sentiments généreux, qui s’intéresseau sort du peuple, aide les pauvres, soulage les souffrances mais se réserve lapuissance politique, la culture de l’esprit et les biens matériels et ne laisse enpartage à la foule que le travail moins avantageux et une instruction rudimentaire ».
d. L’expérience électorale nationale des années 2000, singulièrement stérile,
fait douter des lendemains démocratiques. Trois cycles chaotiques - 2006, 2011,2018 - tous désespérément inachevés ! Jamais d’élections locales et municipales ! Et donc jamais donné lieu à la mise en place de gouvernement à la base ! Cela confine à l’aveu d’impossibilité d’instaurer une démocratie véritablement représentative ! Jamais de perspective d’un horizon proche où le peuple investira de sa confiance des hommes et des femmes qu’il estime capables à travers des élections libres et sincères ? Ainsi se perpétuerait à jamais le règne des squatteurs des palais de la République ainsi que des vassaux à tous les niveaux !
e. Le culte de personnalité semble relever du caractère même du peuple
Congolais ! D’où la ruée vers la création des partis politiques (bientôt un millier ?) avec génération spontanée et prolifération des présidents fondateurs allègrement érigés et vénérés en « autorités morales ». Pareil atavisme postule l’impossibilité d’établir une république démocratique ! En effet, au lieu de servir le vrai souverain qu’est l’Etat, la classe politique comme le peuple lui-même élèvent le président de la République, le premier magistrat du pays, au sommet de la hiérarchie des pouvoirs ! Cela atteste d’un grave dévoiement car, dans une république démocratique, les citoyens ne doivent pas servir le chef de l’Etat, mais plutôt l’Etat, le vrai Souverain. N’est-ce pas là encore une disposition d’esprit, un trait de de caractère du peuple Congolais ?
f. Alerte générale !Le comble de l’égarement serait dans ce qui tend à
devenirun enracinement au mal.
Quid ? Qui blâmer? Une démocratie dite égalitaire, représentative, parlementaire et constitutionnelle(= Etat de Droit) qui s’accommode à l’incapacité généralisée à se doter d’un gouvernement véritablement et pleinement bonet qui assiste, comme définitivement impuissante, à l’effondrement irréversible et irrémédiable du corps social ?
Il plane comme un lugubre spectred’une apocalypse imminente de l’ensemble du pays dans tous ses compartimentset articulations. En effet, il est de ces grands soulèvements collectifs qui, faute de signesprémonitoires, sont pratiquement imprévisibles. Un tableau apocalyptique où se joue substantiellement la survie même du Congo, celle de son Peuple, mieux de ses deux peuples en présence, qui se vouent une inimitié tenace et implacable, qui sont constamment en guerre latente mais qui n’ont jamais été aussi proches qu’aujourd’hui d’en découdre mortellement.
Faute de classes moyennes, la société congolaise est devenue un permanent face-à-face explosif entre deux groupes de populations : une minorité insolemment et dédaigneusement riche et une écrasante majorité étrangement pauvre, au passé martyr et sans présent ni avenir, incapable de subvenir au minimum vital des besoins fondamentaux.
Littéralement submergésou déchirés dans leur majorité par des peurs, des angoisses, des grommellements, des chahuts, des tiraillements, des déchirements, des pleurs, des larmes et des cendres, empêtrés et éperdus, les Congolais d’en bas ont perdu tout espoir d’apercevoir le bout du tunnel. Les deux sections d’un même peuple se font dangereusement face : d’un côté, le peuple d’en-hautet, de l’autre, le peuple d’en-bas.
Le peuple d’en bas, c’est celuides gens de peu, des affamés, des faibles, des pauvres, des oubliés, des loqueteux, des piétinés, des hachés !
Le peuple d’en-haut, c’est celui des gouvernants et des législateurs, des affameurs, des riches et des puissants, des flamboyants locataires et squatteurs des palais de la République, perchés, protégés et hermétiquement enfermés dans la calotte du dôme institutionnel du pays, le domaine de vie exclusif de la ploutocratie nationale.
Optimi pessima corruptio est ! Curieusement, les élites, hommes et femmes d’influence, bref, tousles Congolais qui comptent,personne ne bouge : tous, observent passivement ce spectacle honteux et ahurissant, se taisent, incapables même de hurler sans bruit ! Y compris les bonnes consciences de l’AAP ? Un sage a dit que le silence devient un péché lorsqu’il prend la place de la protestation et d’un homme il fait alors un lâche. Tous, enfants du Congo aujourd’hui en lambeaux, victimes comme bourreaux, sommes abrutis, les riches par l’opulence et les pauvres par l’indigence.
Que ceux qui ont des oreilles, écoutent et entendent! Que ceux qui ont des yeux, regardent et voient ! Un tsunami social dévastateur affleure effroyablement à l’horizon, la guerre de tous contre tous ! Horreur ! Horreur ! Horreur ! S’il fallait qu’une classe fût mangée, n’était-ce pas le peuple, vivace, neuf encore qui mangerait la bourgeoisie épuisée de jouissance ? » (Émile Zola, Germinal). Puisque personne, ni même puissant ni riche, n’échapperait à pareille catastrophe, alors il est du droit de tout Congolais et de toute Congolaise d’engager ou de participer à toute initiative socio-politique qui concoure à conjurer ce lugubre spectre. En cela, l’on comprend pourquoi l’on ne peut qu’accueillir tout nouveau-né dans le champ politique et lui souhaiter bon vent !
II. Faute à la fois d’un destin commun connu et assumé et d’un gouvernement véritablement et durablement bon, la marche du Congo indépendant se perpétue dans une série ininterrompue faite de plus d’ombres que de pénombres, d’obscurités que de lumières, de nuages que d’embellies, d’échecs que de succès.
L’histoire de la gestion du Congo indépendant 1960-2022 est une navigation à vue agitée, tumultueuse et stérile ! En cause ? Quoique disposant de ressources prodigieuses, le pays n’aura toujours pas réalisé le progrès souhaitable, du reste jamais expressément ni formellement souhaité car le peuple ne s’est jamais autodéterminé en ce qui concerne une certaine utopie, un destin national de grandeur et de prospérité.
La terrible évolution économique à reculons du pays, particulièrement durant les quatre dernières décennies, résulte somme toute de son incapacité à se doter d’un gouvernement véritablement et pleinement bon. Alors l’imminence d’une apocalypse sociale en RDC ?
A. Si seulement le Congo pouvait méditer sous l’éclairage de la
lumineuse analyse quasi-prophétique de J.Adriaenssens(Leverville, Juin 1956) !
La chaine quasi-ininterrompue d’échecs ou demi-succès qui ont jalonné les 62 années de la marche de la nation Congolaise dans la voie de sa construction ne peut s’expliquer que par l’inadéquation des stratégies de mise en œuvre des plans et programmes de développement, c’est-à-dire de la qualité du gouvernement, ainsi que par l’absence de bonnes mœurs publiques, de ces denrées devenues rares en RDC, à savoir le souci du bien commun et la volonté de le réaliser, l’honnêteté et le travail.
a. Le souci du bien commun et l’exigence de solidarité. Il est reconnu que les
meilleures institutions ne sont efficaces que si les dirigeants et le peuple veulent travailler ensemble au bien commun dans un esprit de confiance réciproque. Le véritable bien commun est fait d’un équilibre de droits personnels et d’obligations sociales, et en servant le bien général, les citoyens servent aussi leur propre bien. L’on peut déplorer qu’en RDC le sens social soit plutôt peu développé : il s’est pratiquement émoussé à tel point que chacun ne pense qu’à soi, et estime avoir le droit de se servir de l’État sans le servir. Le dévouement à la chose publique et les sentiments de justice et de charité font cruellement défaut. Il est impossible au gouvernement, quel qu’il soit, de réussir dans pareil environnement.
b. La volonté de réaliser le bien commun : un bon gouvernement ne suppose
pas seulement, à la direction, des hommes et des femmes intelligents et capables, mais animés de la volonté de réaliser ce qu’ils ont jugé favorable au bien commun; de même, au-delà de délibérer, de créer des lois admirables de sagesse et de prudence, des lois qui règlent tout, prévoient tout, promettent tout…il faut avoir la volonté d’arriver au but, chercher les méthodes efficaces, plier les obstacles et maintenir la discipline dans l’action. Les bons chefs du peuple sont ceux qui agissent et qui, n’ayant que peu de loisirs, ne tiennent que les assemblées nécessaires, dixit un philosophe grec.
c. Une question d’honnêteté : Celui qui gouverne doit être le plus obéissant à la loi(Socrate). A la direction de l’État, il faut des hommes et des femmes capables et actifs, mais, de plus, qui mettent leur esprit et leur activité au service de la prospérité commune.
Dans un pays où tous ceux qui détiennent le pouvoir sont d’accord pour en profiter, où les fonctionnaires disposent avec désinvolture des fonds publics mis à leur disposition, il est impossible d’avoir un bon gouvernement. Si ces abus sont entrés dans les mœurs, s’ils sont généralement admis, le Chef de l’État le plus génial et le plus énergique n’y pourra rien changer ...
Quand toute la population sait que les hommes politiques vendent des faveurs, et que personne ne s’en effarouche, que l’on trouve normal que celui qui a l’occasion de s’enrichir ne la laisse pas passer, que nul ne s’émeut, lorsque la loi est violée au détriment d’autrui, que l’opinion publique ne se cabre pas, dans ces conditions les meilleures lois deviennent mauvaises ou inefficaces. Car il n’y a pas de dispositions légales qui tiennent contre les mœurs… Quand les dirigeants manquent d’intégrité et de probité, on ne peut remédier à aucun des maux dont souffre le pays qu’en ôtant la corruption. … Tout autre remède est, ou inutile, ou un nouveau mal…
d. Une question de travail : le progrès est lié au travail.La législation peut être
sage, les institutions bien agencées, l’inertie générale en aura vite raison. Les plus belles réformes s’enlisent dans l’apathie politique. Le devoir du travail doit occuper une première place dans l’éducation d’un peuple. Le progrès n’amène pas l’homme à travailler moins mais à travailler autrement. Il élève la qualité du travail.
Un trop grand nombre de Congolais tâchant de vivre d’expédients ou de travail d’autrui ou encore en parasites, le pays ne sera jamais prospère. Devant l’oisiveté généralisée, devant l’esprit de spéculation qui veut moissonner sans avoir semé, le meilleur h=gouvernement est impuissant.
e. Coupable ? L’élite congolaise !Tout bon gouvernement suppose l’existence
d’une élite intègre, active, dévouée au bien public, et capable de guider avec
compétence un peuple probe, honnête et travailleur …Aucun régime (politique) ne peut se soutenir que par la vertu(Montesquieu).
Un bon gouvernement est plus « affaire des hommes que des institutions politiques et suppose justement de bonnes mœurs publiques, des hommes et des femmes capables et actifs qui mettent leur esprit et leur activité au service de la prospérité commune …
Un monarque de génie, un dictateur, peut, à lui seul, pendant quelque temps, accomplir de grandes réformes, mais un bon gouvernement n’est durable et les réformes ne portent leurs fruits, que si une élite s’applique à les faire passer dans la pratique… C’est l’ensemble des élites du pays (élites religieuses et morales, intellectuelles et scientifiques, artistiques, techniques) qui font le pays, sa prospérité, sa grandeur.
Les élites dirigeantes doivent donner l’exemple. Le pape Jean-Paul IIexhortait les fidèles catholiques et les hommes et femmes de bonne volonté à s’engager au service du bien commun en ces termes : « Le plus grand défi pour réaliser la justice et la paix en Afrique consiste à bien gérer les affaires publiques dans les deux domaines connexes de la politique et de l’économie. Certains problèmes ont leur origine hors du continent et, pour cette raison, ne sont pas entièrement sous le contrôle des gouvernants et des dirigeants nationaux. Mais (…) beaucoup de problèmes du continent sont la conséquence d’une manière de gouverner souvent entachée de corruption. Il faut un vigoureux réveil des consciences, avec une ferme détermination de la volonté, pour mettre en œuvre des solutions qu’il n’est plus désormais plus possible de remettre à plus tard (…)
Que surgissent en Afrique des responsables politiques – hommes et femmes – saints, pour qu’il y ait de saints chefs d’État qui aiment leur peuple jusqu’au bout et qui désirent servir plutôt que se servir.
Les fondements d’un bon gouvernement doivent être établis sur la saine base de lois qui protègent les droits et définissent les devoirs des citoyens (…). Le laïc chrétien engagé dans les luttes démocratiques selon l’esprit de l’Évangile est le signe d’une Église qui se veut présente à la construction d’un État de droit, partout en Afrique »
B. Principales tares de la navigation à vue du Congo indépendant… Sublata
causa, tollitur effectus !
Une lecture de l’indicateur intégrateur par excellence, le PIB par habitant, nous donne la mesure du revenu monétaire annuel de chaque habitant en parité de pouvoir d’achat, son évolution ne décrive qu’une réalité moyenne et purement monétaire, il nous permet de mesurer le travail productif de la population sous la gouvernance institutionnelle donnée.
Le bilan économique 1960-2020 ressemble à un parcours d’appauvrissement: « En 1960, un congolais moyen disposait d’un revenu de 3 dollars américains par jour. En 2020, c’est inférieur à 1.2 dollar américain » (Dollars E.U. constants 2020). La population du pays s’est accrue de quelque 15 millions d’habitants en 1960 à près de 100 millions d’habitants en 2020, donnant la mesure de l’effroyable dégringolade économique du Congo avec le corollaire du cataclysme de la dégradation de la situation économique du citoyen congolais, consécutive à la distraction institutionnelleet à l’institutionnalisation de la distraction (Jean-Paul K. Tsasa).
Le taux de croissance du PIB par habitant a été 35 fois négatif contre 25 fois positif sur la période allant de 1960 à 2020 – avec en valeurs absolues de 1039 dollars en 1960 et 403 dollars en 2020, les niveaux les plus élevés ayant été réalisés sur la période 1968-1974 (pic à près de 1130 dollars). La performance en taux de croissance économique tant prisé par les afroptimistes se flattant des résultats enregistrés (dollars E.U. constants 2020) est plutôt illusoire dans le contexte des niveaux et volumes de production économique nationale ridiculement bas : « La puce qui grandit deux fois plus vite que l’éléphant …Il faut croire au vaudou pour dire que tout va mieux » (André Bailleul, ancien chef de mission AFD).
Ravalé à la queue du Top 10 entre 1976 et 1992 avant de glisser vers le tiers inférieur du Top 15 entre 1993 et 1998, puis de sombrer inexorablement et disparaître littéralement des radars de saisie des performances des économies locomotives du continent durant les deux premières décennies du troisième millénaire, 2001-2022, il n’est pas excessif de parler d’un gâchis abyssal sans précédent dans l’Histoire du relativement jeune État congolais !
Déjà à la fin 1994 le constat sur le bilan de développement du Congo depuis l'indépendance était déchirant : "Le traumatisme de l'accession à l'indépendance, le conflit ethnique initial, la poursuite de politiques mal inspirées et incohérentes (parfois soutenues par des partenaires extérieurs) et, surtout, la mauvaise gestion des affaires publiques, tout cela s'est traduit par une régression économique et une mauvaise gestion financière qui ont retardé d'au moins un demi-siècle le développement du Zaïre. Sa production économique et son potentiel d'exportation ont enregistré une baisse significative, tandis que son capital physique et humain se trouve gravement affaibli. Le nouveau passif comprend, notamment, un grave surendettement, une administration et un secteur public devenus pléthoriques et inefficaces, une corruption généralisée, à la fois dans la gestion des affaires publiques et la pratique commerciale, une conscience professionnelle gravement affaiblie, des tendances sécessionnistes plus fortes et une augmentation des problèmes de l'environnement. Entre 1958 et 1993, la population a triplé tandis que la production par habitant a diminué de 65 % en valeur estimative (377 dollars en 1956 contre 117 dollars en 1993 de PIB par habitant). Durant la même période, les exportations officielles de biens et de services sont tombées de 2,2 milliards de dollars à 1,2 milliard (en dollars constants de 1993)" (Banque Mondiale, "Zaïre-Orientations stratégiques pour la reconstruction économique", novembre 1994, ajoutant que l'investissement est alors tombé largement au-dessous de 10 % du PIB, avec une incise cruciale : même si durant la période 1967-74 les problèmes de gestion des affaires de l’État étaient encore maîtrisables et la gestion macro-économique relativement bonne – sic ! - )
Le champ de bataille est terriblement miné par au moins dix tares ou groupes de tares.
① « Au pouvoir par hasard »."Il n'avait pas de grand projet. Peut-être même pas de conviction... Il avait le génie de la politique au jour le jour. Il n'avait pas le sens de l'Histoire. Il s'en accommodait à merveille. Il ne la faisait pas. Ou, alors, à son bénéfice".(un portrait peu amène de François Mitterrand dressé par Jean d'Ormesson). Que dire du dirigeant Congolais ? Une édulcoration ? « Aucune société ne peut vivre sans un idéal qui ne l’inspire ni une connaissance claire des principes qui guident son organisation » (Valery Giscard d’Estaing).
Avec un peuple sans conscience politique, les dirigeants pourront continuer à se succéder sans rêve clair et travailler sans schéma réfléchi. Moyennant le pain et les jeux, comme au beau vieux temps de la Rome antique, la chose politique pourra courir au Congo-Zaïre-Congo, à la guise de tels dirigeants jusqu’à l’effondrement complet et irréversible du corps social!
② « Pouvoir et argent » ou le couple infernal. L'histoire nous enseigne que les pays qui passent d'un régime autoritaire à un régime démocratique sont instables et portés au conflit, surtout si leur économie ne marque aucun progrès. Le pouvoir et l'argent constituent l'objet de lutte permanente des prétendants.
"Dans les pays et les continents développés, l'argent donne le pouvoir, permet d'y accéder ou, à tout le moins, en facilite l'accès. Sur le continent africain, et plus particulièrement en Afrique noire, c'est l'inverse qui est vrai : une fois que vous l'avez conquis, le pouvoir politique vous donne les clefs du coffre ; tout d'un coup, vous avez à votre disposition de l'argent et, parfois, beaucoup d'argent. C'est pourquoi, en Afrique noire, on tue et on se fait tuer pour accéder à la tête de l’État ou pour y rester ; pourquoi on tue pour en chasser l'autre..." (Béchir Ben Ahmed).
À chaque fois qu'un nouveau « messie » prend le pouvoir, généralement par la force, au prétexte de vouloir "sauver la démocratie" et apporter le bonheur au peuple, celui-ci jubile et naïvement applaudit à la gloire de son "libérateur". Mais passé le premier moment d'enthousiasme, bien souvent c'est la déception. Comme les choses ne sont pas tellement mieux, l'opinion commence à penser qu'elles n'allaient pas tellement plus mal du temps que l'ancien était au pouvoir.
Attention, cependant ! L'opinion doit se garder par ailleurs de considérer les "riches" comme des criminels par "essence". "Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l'épargne... Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l'employeur... Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche." (A.Lincoln)
③ « La politique du ventre. Il est reconnu que la prédation-destruction de l'État par ses représentants, s'accompagne de la "struggle for life" à tous les niveaux : la "débrouillardise" ou "article 15" comme règle de conduite pour la survie. "Parce que personne n'est sécurisé et que tout le monde sait que les ressources sont rares, on en vient à penser qu'il est préférable d'accumuler tout ce que l'on peut et aussi rapidement que l'on peut. La tendance inévitable est alors d'extraire tout ce qui est possible de ceux qui se trouvent dans les positions inférieures de la hiérarchie (...). Le résultat est une dialectique de l'oppression accompagnée d'une insécurité et d'une rareté qui interagissent pour créer encore plus d'oppression et peut-être finalement de nouvelles sources d'instabilités: C'est pourquoi, l'État d'aujourd'hui est perçu comme un État hyper sorcier, non pas tant parce qu'il a échoué dans sa "mission de développement, mais parce qu'il est devenu le haut lieu de luttes entre pouvoirs occultes(riches contre riches, riches contre pauvres et même pauvres contre pauvres) sur lesquelles on n'a plus de prise"(JCWillame).
Le terrain est tout propice à la culture de la politique du ventre. L’enracinement de la tare ne manque pas de toucher au spirituel, tellement les gouvernants n’hésitent point à recourir à des dieux réputés protecteurs en tout genre.
④ « Mimétisme, snobisme, improvisation, compétition négative et autres atavismes du "pouvoir par hasard" ».Faute de repères, le dirigeant congolais donne à la fois l'impression de chercher à réinventer la roue et de copier sans rationalité. D'abord l'esprit de "compétition négative"qui tend à devenir comme une fibre culturelle à la base du blocage de tout élan de progrès. Face à l’obstacle, au lieu de s'enquérir auprès du collègue de service ou du voisin de quartier dont l'action réussit pour chercher à faire comme lui, par exemple, le Congolais choisit de consulter le sorcier ou le féticheur du coin pour faire abattre la foudre sur l'œuvre d'autrui et l'anéantir. Ce jeu d'égalisation par le bas est courant dans toutes les couches sociales de la communauté nationale. Et même au sommet de l'État, quand les collaborateurs croient devoir se venger d’un chef encombrant et hautain par exemple, ils n’hésitent pas à torpiller de manière insidieuse son action sur laquelle ils ne jurent dans leur for intérieur que par l'échec, et cela au mépris de l'intérêt communautaire dont ils seraient pourtant eux-mêmes bénéficiaires. Pourvu que l'échec du Chef haï soit consommé.
⑤ Attentisme institutionnel funeste et civilisation de la cueillette, traits d’une culture « carriériste » de contemplation pour un bonheur sans cause. Un exemple : Le fameux conflit belgo-congolais est durant les trois décennies de son règne autant de fois enterré et autant déterré. Faute de raison - la raison est hellène ! - le Congo-Zaïre de Mobutu s'attachera à cueillir le fruit de l’arbre planté par le Congo belge au lieu de semer à son tour et à son goût pour récolter ce qu’il désire « manger ». Ses successeurs ne feront pas mieux.
Le fléau du gain facile a atteint toute la société : le travail productif a cessé de représenter une valeur traditionnelle et source de richesses. La débrouillardise institutionnalisée ouvre aux plus habiles et chanceux la porte de la magnanimité du "chef", seul véritable détenteur du pouvoir et donc de l'argent. Mais elle conduit aussi aux plus vilains tours de prestidigitation dont les victimes se recrutent parmi la masse des gagne-petit ou des laissés-pour-compte. La spectaculaire séduction de la "bindomanie", de l'opération "nguma" (boa, le reptile géant qui avale l'épargne des gagne-petit avant de vomir la fortune au bénéfice des placeurs superstitieux) ou de divers autres jeux de loterie-escroquerie pompeusement étiquetés "roues de la fortune", illustre à quel degré la quête de l'argent facile est devenue une règle de conduite. La naïveté du peuple clochardisé a la peau dure et à ce jour il n’a pas fini de se faire prendre. Les cours des successeurs de Mobutu n’ont pas évacué les rengaines anciennes, le peuple continue d’imputer sa misère toujours grandissante à la "perfidie" des grandes puissances occidentales, toujours elles, envieuses des richesses du Congo-Zaïre-Congo, qui ne souhaiteraient pas voir le pays décoller. C’est l’enfermement définitif dans le piège du bonheur sans cause, de la culture de la « ponction ».
⑥ Une "histoire d'hommes forts" et le piège de la "déification" des dirigeants. Le chef ne cherche plus à s'appuyer sur la force et l'ingéniosité de son peuple pour bâtir le pays, l'engager dans la voie du progrès par le travail de tous, un travail dur. Au contraire, le chef, en "homme fort", se contente de décréter des objectifs de prospérité du pays.
⑦ Chapelet des erreurs stratégiques mortelles dont des grains égrenés dans la confession de Barthélemy Bisengimana Rwema étrangement toujours d’actualité à ce jour. L’échec de l’action Mobutu est lié à la fois aux mesures économico-politiques tant décriées de la zaïrianisation et à l’absence de détermination à relever les multiples défis.
Confession de BBR, octobre 1990 : "le manque d'un environnement qui permette à l'esprit de créer", le fait de n'avoir "pas remarqué que la première industrie dans un pays développé devait être l'industrie agricole", d'avoir dans la précipitation "confondu l'usine et l'industrie", d'avoir négligé la PME, qui est pourtant le moteur de la croissance économique", d'avoir "valsé entre libéralisme et collectivisme" et d'avoir "trop misé sur l'assistance technique" ou l'aide extérieure alors que celle-ci "ne devrait être qu'un complément pour parachever un projet qu'on a mené par ses propres efforts".
⑧ Mégestion insolente et corruption institutionnalisée : le manifeste du Hussard Solitaireconsacre un traitement de choc (COVIDEC-60) dans sa tribune de mai 2020 !
⑨ La culture de bonne gouvernance fait cruellement défaut. À cause de l'absence de perspectives, sinon absorbés par leur propre adulation et ayant perdu toute assise populaire, les dirigeants finissent par faillir à leur mission première. Néanmoins, « le mobutisme a accouché de la conscience nationale zaïroise, il aura été le distillateur du nationalisme, du patriotisme zaïrois dans toutes les couches de la population, le gardien chatouilleux et vigilant de la sauvegarde de l'unité territoriale. Des pressions exercées sur certaines régions, notamment le Kivu, au séparatisme sont demeurées sans écho. Ce mobutisme-là n'est pas à rejeter. Mais il faut extirper le mobutisme contraire de l'œuvre d'espoir et d'ambition nationale, celui de la jouissance matérielle, de l'affairisme, de la corruption débridée des dirigeants et de la misère parallèle du peuple ».
⑩ Chance jamais tentée. "La destinée n'est pas le fruit du hasard mais du choix. Ce n'est pas quelque chose que l'on attend, mais quelque chose que l'on construit ».Kangafu V-G.dressait comme pour suggérer à l'opinion de partager les responsabilités, un questionnement poignant : "Le Zaïre de la 2ème République était une société très ouverte, à mobilité sociale extrême, où le roturier pouvait aussi allègrement se retrouver dirigeant d'une grosse entreprise d'État ou à la tête d'un important portefeuille ministériel ou encore se faire élire pour prétendre occuper la présidence du Palais de la Nation (Parlement), ou enfin réunir une fortune insolente... Le Zaïre de la 2ème République était le lieu de réconciliation et de refiliation historiques. Les Gbenye, les Soumialot ont pu prospérer paisiblement après tout ce que l'on sait... Bref, le Zaïre de la 2ème République ne fut point l'affaire d'oligarchie ni de caste. L'exercice du pouvoir a été largement et généreusement distribué jusqu'aux cercles les plus indignes de cette noblesse d'État. La 2ème république fut un régime de large participation et d'ouverture fondamentale, au point que les équipes gouvernementales avaient toujours été de composition d'union nationale, c'est-à-dire que, par la pratique de quota, toutes les composantes de la Nation étaient prises en compte et la géopolitique interne représentée...".
Depuis, plus de place - ou peu - à la vertu et à la compétence ! De nouvelles valeurs aux contours flous les ont supplantées. Cependant, le côté pervers de cette "béatitude" politique fut de conduire à sacrifier à l'efficacité et à l'efficience de l'action de l'État. C'est ce que le mémorandum de la Conférence Épiscopale du 9 mars 1990 appelle "miner l'autorité dans son principe, soit en confiant des responsabilités à ceux qui n'en sont pas capables ou à des citoyens malhonnêtes", qui, du reste, ne devaient répondre de leurs actes qu'au seul chef de l'État, le Président « Fondateur » - entendu dans la conscience servile de ces "élus" comme fondateur des institutions officielles et de leurs animateurs désignés -. Et l'on se surprend à entendre les dirigeants à tous les niveaux, y compris à celui de chef de l'État, se plaindre avec le peuple de ce qui ne va pas dans tel ou tel autre secteur de la vie nationale, et cela au prétexte que chacun doit assumer ses responsabilités, oubliant l'importance et la nécessité du contrôle par l'autorité hiérarchique et de la sanction. "Dans un tel système, la critique publique des institutions faite par le chef de l'État et ses collaborateurs convainc difficilement, car elle donne l'air d'une démission du pouvoir ou, pour le moins, d'une confession dont on évite de tirer les conséquences. Par-là, le chef de l'État est placé dans une situation très inconfortable, car, constitué juge et partie, il ne peut sanctionner les fautes de ses subalternes qui se présentent comme ses conseillers ou de simples exécutants de ses ordres » (CEZ, Archevêques et évêques catholiques, mars 1990).
Il n’est pas rare d’entendre des thuriféraires des cours politiques incliner l’opinion à s'accommoder à du déjà vu et à du déjà entendu en Afrique : "Arrivé au pouvoir comme par hasard, pourquoi pas, je réclame mon droit à un sursis, le temps d'apprendre pour pouvoir faire mieux que mon prédécesseur",dirait tout nouveau dirigeant ; bref à chacun son jeu d'essais-erreurs, le peuple souverain attendra l'essai gagnant avant de trouver son compte !
Bref, la longue transition politique des années 1990 a étalé au grand jour les plaies morales d'un pays en l'état de non-État : un gouffre sans fond où poussent allègrement toutes les antivaleurs. L'intransigeance des uns et l'instinct de survie exacerbé des autres, ont fait échouer la réconciliation nationale, préalable incontournable pour tout nouveau départ. L'atmosphère de règlement de comptes, la culture de l'irresponsabilité collective et la duplicité des puissances d'argent ont été autant d'ingrédients qui ont hypothéqué les résultats de ce forum. La diabolisation à outrance, une légèreté déconcertante d'acteurs politiques qui passaient allègrement du camp mobutiste à celui de l'opposition et vice versa, l'intolérance et l'exclusion sont autant de faits qui ont conduit à un retour à la case départ ».(Sampassa Kaweta Milombe, alors ambassadeur du Congo au Canada).
Appelés à raser l'immoralité et à combler l'amoralité qui ont caractérisé l'État zaïrois pendant plus de deux décennies, les Congolais réunis à la CNS avaient pris un dangereux raccourci dans le choix de matériaux : ils ont eu recours aux déblais provenant de l'immoralité pour tenter de remblayer le vide de l'amoralité. Et s’ensuivit une triste moisson : l'illusion du titan Atlas !
III. Est-il définitivement impossible de construire la grandeur et la prospérité du Congo ?Opportunités de renaissance pour un Congo nouveau
Plus les membres d’une sociétésont culturellement divers, plus celle-ci doit veiller àla clartédes règles communes et àl’équitédans leur mise en œuvre ; plus une sociétéest marquée par l’inégalité, plus les services publics doivent être les garants effectifs de l’égalitéd’accès aux biens fondamentaux ; plus elle se vit comme disparate, plus il lui faut produire du lien social ; plus elle est travaillée par des tensions, plu selle doit avoir confiance en ses institutions politiques, en leur aptitude àdéfinir le bien commun et en leur capacitéàle faire respecter.
(Jean Pisani-Ferry, Quelle France dans dix ans– Rapport de France Stratégie au président de la République, 2014)
① Il est reconnu que la destinée n’est pas le fruit du hasard mais du choix. Ce n’est pas quelque chose que l’on attend, mais quelque chose que l’on construit. L’humanité interpelle l’élite congolaise : à plus de soixante ans d’indépendance administrative, le moment n’est-il pas venu de mettre fin àl’inconduite politique, àl’irresponsabilitéet aux mentalités inciviques qui ont démesurément façonnéle comportement du Congolais, et longtemps modelésa pensée en l’absence ou simplement le déni de références nationales certes rares mais néanmoins solides et crédibles de progrès et de sublimation de l’effort humain ?
② La destination ou la vision du Peuple ne doit pas être tributaire des états d’âme du commandant de marine car elle survit au mandat de celui-ci, monarque de génie soit-il, auquel incombe la charge du choix du chemin qui conduit au port de destination !
Le chemin vers la destination du Congo bicentenaire (1885-2085), par exemple, est celui d’atteinte non pas simplement du niveau de vie du Congo de 1959 - des estimations des plus optimistes dans l’hypothèse d’une croissance économique au taux de 5 % par an permettraient au pays de retrouverle niveau de 1959seulement en2075 ! - mais mieux encore, le niveau de développement promis aujourd’hui pour les lointains horizons aux nouveaux éléphants du Top 5 de l’économie africaine, classe d’appartenance du Congo-Zaïre des années 1960-1975 ! C’est donc une gigantesque œuvre de « remontada » économique du Congo sur les années Zaïre !
En lieu et place du Congo fait à partir de 1885 par le Roi Léopold II, le Roi-bâtisseur, en fonction de la grandeur et de la prospérité de son pays, la Belgique, et uniquement, exclusivement en raison de ses idées, de sa doctrine jusqu’à la fin de son règne en 1908… en remplacement du même rêve rationnellement perpétué à partir de juin 1909 par la Belgique avant d’être plus tard littéralement hérité pour être naïvement, nonchalamment et même inconsciemment consommé de génération en génération, depuis le 30 juin 1960 jusqu’à nos tumultueux jours de l’an 2022 par le Congo-Zaïre-Congo indépendant dans un mimétisme effarant…c’est le destin du Congo de l’an 2085 que les générations successives construiront à partir des premières élections générales et normales de refondation institutionnelle à l’horizon 2025 par exemple !
Ces générations des enfants du Congo seront formées dans le creuset de notre destin choisi et suivant le profil de l’être Congolais authentique qui soit en cohérence avec celui du moule défini dans la Charte des valeurs (largement partagées) et des devoirs résultant des options levées à l’issue d’un grand débat national de refondation.
③ Il est question aujourd’hui de tenir non pas, comme le préconisait la Belgique, une table ronde sur la reconstruction du Congo mais de penser plutôt un schéma nouveau de grandeur pour l’aménagement et l’équipement du Congo. Car les infrastructures de base existantes, lesquelles sont, depuis, arrivées au terme de leur vie, correspondaient à la vision de mise en valeur de cet immense territoire par et pour le Roi Léopold II, d’abord, et, par et pour la Belgique, ensuite, celle d’un Congo terre d’exploitation, sous le régime du travail forcé, de l’esclavage à durée déterminée, et de l’indigénat, cette discrimination codifiée. L’Etat et la nation tels qu’ils existaient, pour ne pas dire la patrie, étaient modelés par le colonisateur pour ses seuls intérêts.
④ Le défi premier de l'élite congolaise se situe à ce niveau : prendre conscience de la ruine nationale, refuser de perpétuer l'état de non-pays et de non-État dans lequel nous nous trouvons, dénoncer courageusement tout comportement qui confine à l’institutionnalisation de la médiocrité, qu'il soit le fait des pouvoirs publics à tous les niveaux comme celui des particuliers dont notamment des élites nationales, et ramener voire contraindre tout le monde dans la voie de la raison, de l’État de droit. Agir autrement serait perpétrer la complicité du silence et condamner le Congo-Zaïre à l'état embryonnaire d'association internationale.
La construction du bien commun est tributaire d’abord de la pertinence des options fondamentales à lever en matière de lignegénérale de la marche nationale vers sa destinée préalablement tracée, c’est la politique générale de la nation, ainsi que des diverses lignes de travail et mesures particulières, dites méthodes de pensée et de travail, et ensuite de la transformation d’un pays économiquement et culturellement « arriéré par rapport à son époque » en un pays prospère, puissant, doté d’une culture assumée.
⑤ Il a généralement manquéàl'homme politique congolais la bonne dose de sève de l'amour, de l'humilité, du sens du devoir, de la tolérance ou de la tempérance, du détachement de l'argent et du pouvoir comme maitres, du respect de l'intérêt, de la dignitéet de la vie du citoyen ou de l'homme tout court au point que la majoritéa généralement penséau pouvoir, pour ce qu'il apporte comme argent et honneurs, sans penser le pouvoir.
Priorité à l’exercice de refondation du Congo assorti d’un train d’actions et mesures d’urgence dit programme de déclics de confiance ! Le seul effort qui puisse tirer le Congo du cul-de-sac doit procéder de la refondation nationale. Vivement un moratoire général sur l’agenda politique dans son volet conjoncturellement encore cosmétique en RD Congo, celui de la démocratie, des élections, des réformes, de l’Etat de droit… !
⑥ L’illusion de la construction du bonheur public par la démocratie et l’élection au suffrage universel apparaît d’autant plus grande et pernicieuse que le reflet de la vie, de la marche et de la gouvernance actuelle du Congo est cauchemardesque et empire étrangement de jour en jour. À bien analyser les impacts en termes de démocratie et bien commun des trois cycles électoraux entrepris respectivement en 2006, 2011 et 2018 mais jamais parachevés, il ne serait pas excessif de penser que les élections sont inutiles voire globalement et largement contreproductives. L’on pourra multiplier à l’infini des efforts pour la tenue des cycles électoraux dans les conditions politique, économique, sociale et même mentale du Congo et des Congolais, cela n’apportera absolument rien à la construction du bien commun national !
⑦ Alors pourquoi cette fixation sempiternelle sur la question électorale et son corollaire de la légitimité du pouvoir ? Il faut impérativement inverser la démarche, commencer par penser et refonder le Congo, faire émerger et exister un État normal des vestiges du Congo belge mais sur de nouvelles fondations !
Quand les hommes et les femmes ont faim, les discours sur la démocratie et la liberté qui ne prennent pas en compte cet aspect matériel peuvent sonner creux et éroder la confiance dans les valeurs que nous cherchons précisément à promouvoir…Les libertés qu’apporte la démocratie resteront des coquilles vides si elles ne s’accompagnent pas d’une amélioration réelle et tangible des conditions de vie matérielles de millions de citoyens ordinaires de ces pays. » (Nelson Mandela).
⑧ Gare à la très forte tentation sur les nouveau-nés politiques dont l’AAP. Le politicien devient un homme d’État quand il commence à penser à la prochaine génération plutôt qu’aux prochaines élections (Winston Churchill).
Haro sur des inutilités de la « démocratie cosmétique » ! Construisonsune démocratie de l’humilité et du respect au moyen d’élections réellement bonnes et utiles au regard des doutes suscités dans le monde par les mouvements révolutionnaires de remise en question de la démocratie dans des nations occidentales enracinées dans la pratique démocratique : « En ces temps de trouble et de désordre, à un moment où tous (sic !) les gouvernements démocratiques sont contestés, attaqués, vilipendés, renversés, il est facile de dresser un réquisitoire contre la démocratie telle qu’elle est pratiquée presque partout dans le monde. Les électeurs ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes si leurs parlements et leurs gouvernements sont incapables de se concentrer sur ces enjeux majeurs ; si leurs dirigeants ne sont pas à la hauteur de ces formidables défis et ne sont trop souvent que des marionnettes médiatiques. Ce sont eux qui les ont choisis. Et ce n’est pas en les remplaçant par des clones plus à droite ou plus à gauche qu’on y changera quelque chose. Et pas non plus en remplaçant des élus de la démocratie représentative par des dictateurs, ou par des dirigeants au sort, qu’on recréera le lieu éthique et moral dont les communautés humaines manquent tant aujourd’hui.
Pour y parvenir, il faudrait que, dans chaque collectivité humaine, les dirigeants soient choisis sur leurs capacités de comprendre les mouvements du monde, d’incarner la grandeur commune, de dire la vérité, de ne pas flatter les plus bas reflexes, d’écouter, de respecter, d’apprendre, de changer d’avis, de faire confiance, d’aider, d’encourager, de s’émerveiller, d’admirer, avec humilité et empathie. Les pays qui réussiront à choisir durablement ce genre de gouvernants retrouveront le chemin de la croissance et de la sérénité » (Jacques Attali)
Les représentants ne sont presque jamais ceux choisis par le peuple mais plutôt systématiquement cooptés et imposés par la tyrannie au mépris de la volonté du corps électoral, les institutions regorgent plus de squatteurs que de locataires régulièrement en contrat social avec le peuple souverain et le rapport ne sera pas inversé de sitôt puisque les élections demeureront encore truquées ou simplement confisquées…
⑨ Que le Congo abandonne la voie du replâtrage, qu’il emprunte courageusement celle de la refondation, qu’il se constitue en un État normal et qu’il se dote des institutions politiques, économiques et sociales qui servent à la réalisation de son destin déterminé par lui-même ! Que le chef de l’État se décide à prendre le taureau par les cornes pour engager hic et nunc l’ensemble des forces vives de la nation à mener la révolution-fondation avant que les Congolais ne s’autorisent de nouveau de replonger dans des simulacres d’élections avec des victoires des figures socio-politiques marquantes connues d’avance !
⑩ Haro sur les parodies d’alternance politique à vocation de préserver les intérêts des individus (parfois propriétaires des empires financiers mal acquis) et des regroupements des partis politiques au détriment du sort des populations (selon une opinion dont se fendait récemment avec à-propos le mouvement citoyen Filimbi) et des querelles intestines récurrentes subséquentes sur des violations de la constitution, d’élections truquées, de compilations des résultats de vote zappées, de publication des résultats électoraux préfabriqués, intégrés, falsifiés ou trafiqués, de seuils imaginaires attribués à des partis politiques satellites fantômes portés par des vassaux-autorités morales eux-mêmes assujettis à des gourous-suzerains, de majorités fabriquées, de désignation contestée des animateurs des institutions d’appui à la démocratie, de mandats présidentiels prolongés illégalement, de nominations-récompenses de ministres, ou encore ces autres querelles moins reluisantes et à l’allure de frivolité, telles la paternité de la démocratie, celle de l’alternance politique pacifique... !
⑪ Jusques à quand la classe politique congolaise croit-elle que le peuple, abandonnépar le gouvernement du pays, qui se montre définitivement incapable de lui apporter le pain, de lui garantir l’existence à travers les services publics vitaux – même l’eau du robinet – va endurer stoïquement « l’esclavage » auquel il est soumis, sachant qu’il n’a désormais plus que le soulèvement comme issue naturelle et que s’il ne le fait pas, c’est qu’il accepte de vivre perpétuellement dans l’esclavage ?
⑫ Où est passé le bon sens collectif ? Quelle conscience habite le Congolais quand il pérore les élections à venir après les chaos électoraux passés des cycles jamais achevés 2006, 2011 et 2018 ? Ou quand il gesticule et donne à faire croire qu’il échafauderait des plans de campagnes électorales à l’horizon 2023 au profit d’Untel, candidat putatif ou non ? Untel qui deviendrait président de la République pour quel bonheur commun ? Si ce n’est conquérir, exercer et conserver le pouvoir pour le pouvoir ?
⑬ La violence du soulèvement à venir pourra être exponentiellement proportionnelle à la grandeur de la bêtise de la classe politique congolaise qui aura fini de convaincre l’opinion nationale la plus naïve de l’infinitude abyssale de sa déraison, de sa démesure et de son immoralité. Ce sera alors le déclenchement d’un tsunami exterminateur !
Pourquoi devrait-on tolérer encore aujourd’hui de voir « les hommes et les femmes qui comptent dans la société » se livrer à une débauche de temps, d’énergie et d’argent à tricoter la commission et la loi électorales, préparer et organiser des élections au prix des déchirements sanglants et des saignées budgétaires ruineuses pour des résultats électoraux préfabriqués par une clique tyrannique sans scrupules et pour l’animation des institutions somme toute inutiles et budgétivores ?
Des institutions inutiles carnullement expressément dédiées à encadrer la mise en œuvre de politiques publiques, programmes de recherche et de construction du bonheur public qui soient en adéquation avec de grandes orientations levées par le peuple à travers une ligne générale et une politique générale préalablement et clairement définies, le pays n’ayant jamais disposé d’un arsenal institutionnel harmonieusement bâti et structuré hormis celui conçu dans l’intermède de dévoiement de l’État par l’institutionnalisation du Mouvement Populaire de la Révolution comme parti-État ?
⑭ Espérer n’est pas rêver, bien au contraire, c’est le moyen pour transformer un rêve en réalité ! Tout congolais dotéde quelque empathie est secoué par un haut-le-cœur àla vue du spectacle de la déliquescence du pays : un abîme social extraordinairement profond et large ! Et tout esprit de révolutionnaire est enclin au sursaut patriotique porté par le peuple Congolais, à endosser le devoir chrétien ou simplement citoyen de « bannir, haïr et combattre l’égoïsme, le mépris de la personne humaine, les yeux hautains, la langue trompeuse, le cœur qui médite des projets injustes, les mains qui répandent le sang innocent, les pieds qui se hâtent de courir au mal, le faux témoin qui profère des mensonges, et celui qui déchaîne des querelles entre frères ».
⑮ Laissons-nous nous en aller à déterminer le destin national, le plan du Congo que nous voulons, à fixer un ensemble de choix collectifs en termes de finalités communes et d’objectifs dans une perspective décennale ou à l’horizon de vingt, trente ou cinquante ans voire plus, par exemple celui du Congo bicentenaire (1885-2085) à l’instar des perspectives que des nations normales et même des régions continentales dont l’Afrique dotée de l’Agenda 2063 alors que la RD Congo se morfond lâchement dans ses initiatives sans lendemain, embryonnaires et poussives destinées généralement à répondre à des exigences de coopération avec les partenaires techniques et financiers bi et multilatéraux, tels que les documents de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté successifs ou encore le plan national stratégique de développement, tous à contenus et contours débridés puisque déconnectés des rêves profonds de bonheur du peuple…
⑯ Conduire le Congo à se doter des institutions politiques, sociales et économiques constitutives de l’armature de la collectivité, des institutions qui soient adaptées, qui ordonnent leurs interactions et veillent à la clarté et à la cohérence des aspirations communes ainsi que des orientations d’ensemble, qui incarnent adéquatement les choix collectifs et concourent aux finalités sur lesquelles la société congolaise s’accorde fondamentalement, tous objectifs volontiers essentiellement ambitieux qui fondent et justifient l’existence même de ces institutions…
⑰ À penser le chemin qui conduise le plus sûrement vers les objectifs arrêtés à travers des politiques publiques et des programmes ou mesuresd’ajustement structurel appropriés définis dans une approche moins technocratique mais pragmatiquement rivés à l’effort de construction expresse d’un modèle social qui soit pleinement lisible et inclusif…
⑱ La grande parturiente, le Congo, est en même temps une patiente à l’article de la mort. Un corps social entièrement et profondément miné, envahi, dévasté et délabré par une tumeur maligne en phase avancée de métastases !Son pronostic vital est effectivement engagé : une corruption systémique et généralisée ! Seules donc une laparotomie et une craniotomie avec ablation des cellules et des organes sévèrement affectés, peuvent ébranlerla puissance injustede cette méchante pathologie.Et pareille entreprise ne peut être conduite que par des mains exercées de chirurgiens et oncologues aguerris, eux-mêmes jouissant d’une parfaite santé ! La tumeur maligne du corps social du Congo est plutôt morale. La thérapie ne peut qu’être chirurgicale !
⑲ Au commandant en chef de créer un consensus sincère avec les figures marquantes qui peuplent les nombreux compartiments du Congo, immense bâtiment de haute mer (en furie), pour jeter ensemble les filets de la réconciliation avec le grand Peuple, celui d’en-bas, et espérer alors trouver des voies et moyens de conjurer durablement le lugubre destin, celui d’une dérive irréversible et définitive du navire, avant l’imminent fracas qui rappelle la tragique fin de l’insubmersible Titanic !
Une révolution menée par un guide éclairé est à maints égards préférable à celle dite populaire. Le peuple étant à la fois un principe de légitimité et une réalité sociologique, quand il descend dans la rue, la révolution risque par se transformer à la fin en un « théâtre d’ombres masquant la lutte entre factions ultra-minoritaires cherchant à s’approprier la prétendue volonté du peuple » En effet, « faire la révolution suppose un investissement personnel de chaque instant. Or, la plupart des gens n’ont ni la force, ni le temps, ni l’envie de soutenir durablement le mouvement révolutionnaire, les foules révolutionnaires sont vite réduites à des minorités. Et plus ces minorités se réduisent, plus elles se radicalisent au nom du peuple dont elles affirment exprimer la volonté ».
⑳ Au Commandant en chef de faire démentir Voltaire quand il dit que la politique est le moyen pour des hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire ». Pour ce, il lui importe de se choisir des maîtres d’œuvreaguerris, capables de collaborer à faire prendre corps-à-corps le destin du Congo. Le chef d’un Etat ne peut gouverner qu’en s’appuyant sur une classe dirigeante, composée d’hommes et de femmes que leur formation, leurs capacités, leur situation sociale ; placent à côté de lui. La survie de la nation est tributaire du bon choix de cette minorité entre les mains de laquelle le pouvoir est ainsi placé.
La Nation fait appel à la passion des meilleures intelligences de toutes les générations pour électriser le peuple à redresser lesfronts dans une harangue jaculatoire «Tenter, braver, persister, persévérer, s’être fidèle àsoi-même, prendre corps-à-corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilàl’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise» (Haranguechère àVictor Hugo, Les Misérables, reprise par Jacques Attalidans son vibrant plaidoyer Vivement après-demain ! 15 ans pour sortir de l’impasseen faveur de notre monde sous la menace imminente d’un tsunami égalisateur des destins, 2016).
Ir Jean-Louis BONGUNGU Loend’a-Namba Jelo
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